Profs et réseau sociaux
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Profs et réseau sociaux
Réseaux sociaux: «Prof, j'ai accepté une élève en ami sur Facebook et je l'ai vite regretté»
TÉMOIGNAGES - Comment se comporter sur les réseaux sociaux avec ses élèves? Quatre professeurs de collège et lycée nous racontent leurs habitudes numériques et leurs bonnes ou mauvaises expériences...
Les nouvelles générations de professeurs (25-30 ans) et leurs élèves ont un point commun: ils appartiennent tous à la génération C, celle des «Digital Natives». Ceux pour qui Youtube, MSN Live Messenger et bien sûr Facebook sont des évidences plus que des outils. Selon une étude IFOP de novembre 2012, 77% des 18-24 ans ont un compte Facebook, pour 62% des 25-34 ans. L’occasion de se retrouver sur le réseau social après les cours? Nous avons posé la questions aux internautes de 20 Minutes. Si le numérique a fait son entrée en classe, en privée, les professeurs préfèrent encore garder leur distance. Quatre professeurs de collèges et lycées nous expliquent pourquoi.
«Si je les ajoute en ami, je sape mon autorité»
«Ils n’ont pas à connaitre ma vie privée et je n’ai pas à connaitre la leur». Le verdict de Virginie, professeur de mathématiques en Mayenne, est sans appel. Elle n’hésite pas à «refuser en ami» les élèves qui pourraient la chercher sur un réseau social, pour rester «dans son rôle». Une attitude «déontologique» lâche même Freddy, prof à La Réunion. «Sinon, mon autorité serait plus difficile à mettre en place, écrit Angéline, 25 ans, qui enseigne dans un village de 300 habitants. Le mystère impose une forme de respect.». Quitte à modifier son profil, à enlever toute photo «pour être introuvable», ou à le «verrouiller» comme Virginie. «La vie des professeurs intrigue, estime Angéline. On voudrait savoir ce qu'ils font de toutes leurs vacances ou ce qu'ils pensent de leurs élèves.»
Pendant sa première année, @MsieurLeProf, prof d’anglais de 24 ans, n’avait pris aucune précaution. Résultat, «certains élèves m'avaient pisté» raconte-t-il. Mauvaise surprise, il avait alors découvert «une sorte de flashmob version ados pénibles». «Un élève perturbateur avait publié un événement, se souvient-il, appelant les autres élèves à ne pas apporter leurs affaires et à être ingérables un jour précis». En cliquant sur le profil d’une mère d’élève, Angéline a elle découvert que celle-ci l’y «insultait». «En discutant avec des collègues, j'ai découvert que c'était "monnaie courante" dans notre métier. Facebook est un défouloir et c'est bien connu, on n'aime pas les profs...». Teddy, lui, a une fois accepté une invitation d’une élève de Terminale qui témoignait d’un certain «mal-être». «En temps que prof principal on croit tout pouvoir résoudre, confie-t-il. J'ai vite compris mon erreur. Je l'ai retiré de la liste au bout de trois semaines et ça m’a vacciné!».
Il en a même profité pour les sensibiliser à «la notion de confidentialité». «Je me suis rendu compte que nos élèves boivent, fument et passent énormément de temps sur leur profil au détriment de leur travail», écrit-il. Teddy leur a alors fait remarquer qu’il pouvait sans difficulté voir toutes ses publications. «Effet boule de neige, j'entendais des "oté i gaigne espionne à nous!" (Il peut nous espionner). Du coup maintenant ils paramètrent assez bien leur profil».
«Pour l’administration, ça n’a pas l’air d’exister»
Celui qui se cache sous le compte twitter @MsieurLeProf, s’affiche clairement comme enseignant sur le réseau social. Pourtant, aucun de ses élèves ne connait son identité virtuelle. Il a créé son compte, non pas pour dialoguer avec parents et enfants, mais pour lui, un peu perdu à l’issue de sa formation. «J’avais besoin de conseils instantanément, explique-t-il, j'ai donc cherché des blogs de professeurs, qui m'ont conduit sur Twitter, où une petite communauté de professeurs communique régulièrement.» Un compte professionnel, où il se contente de relayer «des "perles d'élèves", des anecdotes ou de partager ses cours».
Pour le perso, @MsieurLeProf utilise Facebook, en s’abstenant bien de tout contact avec ses élèves. Exception faite de certains, qui passaient au lycée, «et parce que je venais de quitter l’établissement». Cinq élèves l’ont alors ajouté. «Polis», ils lui parlent de leurs nouveaux professeurs, et lui, garde «un œil sur leurs parcours». Une relation numérique impossible, selon @MsieurLeProf, s’il n’avait pas changé de collège. «Entre professeurs, on se juge plus qu'on n'ose l'avouer, pense ce jeune prof d’anglais. Facebook crée une certaine intimité, quel que soit le degré de protection que l'on accorde à son profil. L’élève pourra toujours se vanter d'avoir tel professeur en "ami". Et même si tout ceci n'est que virtuel, le "copinage" est toujours mal vu, que ce soit par les autres élèves ou les professeurs.»
Malgré la démocratisation difficile à nier des réseaux sociaux, et les malaises qu’ils peuvent induire, les normes en la matière sont plutôt inexistantes ou du moins «très floues, assure l’enseignant. On ne sait pas vraiment où se placer.» @MsieurLeProf, Angéline, Teddy ou Virginie sont tous unanimes: aucune consigne de «bonnes pratiques» n’est donnée par le ministère de l’Education Nationale, les chefs d’établissements ou quiconque. «Pour l’administration, ça n’a pas l’air d’exister ni d’avoir aucune incidence sur la vie des élèves», regrette Teddy. Chaque enseignant agit alors selon ses habitudes «en ligne», son intégrité et ses propres limites. Seule intervention notée, depuis deux mois, le serveur du lycée de Teddy bloque toute tentative de connexion à plusieurs sites, dont Facebook et Youtube «où l’on trouve pourtant des vidéos qui présentent un réel intérêt pédagogique».
Témoignages recueillis et édités par Christine Laemmel
val13- Messages : 2185
Date d'inscription : 30/07/2012
Age : 49
Re: Profs et réseau sociaux
J'hallucine quand même de lire, même si ça part d'une "bonne intention", que certains profs sont assez bêtes pour accepter des élèves en "ami(e)s" sur FB.
C'est clair que leurs autorités en prend un coup forcement. Avoir un prof en "ami" ça l'fait pas quoi....
Et puis ils n'ont pas à se connaitre "plus" qu'en dehors du parcourt scolaire!
C'est clair que leurs autorités en prend un coup forcement. Avoir un prof en "ami" ça l'fait pas quoi....
Et puis ils n'ont pas à se connaitre "plus" qu'en dehors du parcourt scolaire!
val13- Messages : 2185
Date d'inscription : 30/07/2012
Age : 49
Re: Profs et réseau sociaux
Personnellement, j'ai bossé quatre ans dans l'Education, dont deux en contact direct avec les élèves à deux postes différents! Durant cette période, plusieurs gamins m'ont demandé d'accepter leurs invitations sur FB! J'ai toujours refusé en leur expliquant que cela pourrait créer des conflits! Je leur ai dit que s'ils avaient besoin de me parler, ils pouvaient le faire dans le "réel", que je serais toujours là pour les écouter et les conseiller mais que je me réservais le droit de faire intervenir un tiers si j'estimais cela nécessaire.
Quand j'ai quitté l'Education, les jeunes m'ont contacté sur FB, et j'ai accepté! Je les conseille si besoin, je les "houspille" souvent, je les aide pour les révisions, pour certains choix qu'ils doivent faire, pour régler certains conflits....
J'en ai aidé un récemment qui avait des problèmes avec un prof qui est un ami! Le gamin avait l'impression que le prof le détestait et il était dans tous ses états! J'ai discuté avec lui, puis avec le prof! Il y avait souci effectivement mais le gamin avait tort ( en fait, le prof le poussait car il a vu que ce gamin valait bien mieux que ce que tout le monde pensait!) Cela a permis d'améliorer les relations entre eux!
A part ce cas (et parce que ce gosse méritait vraiment d'être soutenu!), je refuse toujours de parler de leurs profs! Mais FB est bien dans le sens où certains de ces gosses osent y parler de leurs vrais problèmes! Mais le danger est qu'ils ne réalisent pas que se confier sur le web est dangereux! Moi, quand je sens que le souci est grave, je propose au gamin de le rencontrer dans le réel, ou de discuter par mail, ou tel! La plupart sont majeurs, et je ne bosse plus avec eux! Donc, ils se sentent plus "libres", et savent que si je pense qu'ils ont besoin d'une autre aide, je discuterais avec leurs parents!
Les profs, eux, ne peuvent agir ainsi, et ne le doivent pas! Malheureusement, on vit dans une société où les jeunes sont mal!! Ils ne discutent jamais dans le réel car ils sentent que ce serait mal perçu! Dans leur lycée, personne ne peut les écouter vraiment! Pas assez de personnel qualifié, pas assez de temps....
Imaginez un élève interne: il passe plus de temps au lycée qu'avec sa famille! Pour certains, la famille n'est qu'un mot qui ne veut rien dire!! Ils n'ont personne vers qui vraiment se tourner! Si ce n'est un prof, un surveillant.......Car ce sont les gens qui les côtoient plus souvent que leurs parents!
Un prof doit fixer des limites avec ses élèves, mais comment faire?? Il n'est pas formé pour cela!! Et comment rejeter un gamin?? Ce n'est pas simple car certains gosses ont vraiment besoin d'écoute!
Quand j'ai quitté l'Education, les jeunes m'ont contacté sur FB, et j'ai accepté! Je les conseille si besoin, je les "houspille" souvent, je les aide pour les révisions, pour certains choix qu'ils doivent faire, pour régler certains conflits....
J'en ai aidé un récemment qui avait des problèmes avec un prof qui est un ami! Le gamin avait l'impression que le prof le détestait et il était dans tous ses états! J'ai discuté avec lui, puis avec le prof! Il y avait souci effectivement mais le gamin avait tort ( en fait, le prof le poussait car il a vu que ce gamin valait bien mieux que ce que tout le monde pensait!) Cela a permis d'améliorer les relations entre eux!
A part ce cas (et parce que ce gosse méritait vraiment d'être soutenu!), je refuse toujours de parler de leurs profs! Mais FB est bien dans le sens où certains de ces gosses osent y parler de leurs vrais problèmes! Mais le danger est qu'ils ne réalisent pas que se confier sur le web est dangereux! Moi, quand je sens que le souci est grave, je propose au gamin de le rencontrer dans le réel, ou de discuter par mail, ou tel! La plupart sont majeurs, et je ne bosse plus avec eux! Donc, ils se sentent plus "libres", et savent que si je pense qu'ils ont besoin d'une autre aide, je discuterais avec leurs parents!
Les profs, eux, ne peuvent agir ainsi, et ne le doivent pas! Malheureusement, on vit dans une société où les jeunes sont mal!! Ils ne discutent jamais dans le réel car ils sentent que ce serait mal perçu! Dans leur lycée, personne ne peut les écouter vraiment! Pas assez de personnel qualifié, pas assez de temps....
Imaginez un élève interne: il passe plus de temps au lycée qu'avec sa famille! Pour certains, la famille n'est qu'un mot qui ne veut rien dire!! Ils n'ont personne vers qui vraiment se tourner! Si ce n'est un prof, un surveillant.......Car ce sont les gens qui les côtoient plus souvent que leurs parents!
Un prof doit fixer des limites avec ses élèves, mais comment faire?? Il n'est pas formé pour cela!! Et comment rejeter un gamin?? Ce n'est pas simple car certains gosses ont vraiment besoin d'écoute!
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